Poissons en papier
Sur les portes des colocs
Le 1er avril
- Mathilde Fauve
Dernier jour de l'année —
Ma vie en pièces de puzzle
Détachées
— Mat Fauve
Colère, impuissance et frustration
devant tous ces morts
sans raison.
— Mat Fauve
Je souffle fort sur ma tristesse
Et je cours
Pour mieux m'envoler
— Mat Fauve
C'est fou le nombre d'endroits où je ne suis pas.
Par exemple, là. Je n' y suis pas.
Je ne suis pas sur la photo.
Je ne suis pas dans tes souvenirs.
Je ne suis pas sur ton bureau, assise parmi les carnets, tasses, papiers, plumes, coquilles d'oeufs, tiges, moquette bleue poilue, et autre bric-à-brac qui encombre tout l'espace.
Je ne suis pas sur ton parquet, à côté des plantes séchées, des bottes, du sac plastique.
Je ne suis pas à Paris avec Frédérick Rousseau, ni en Russie avec Tchaikovski dont il joue l'une des mélodies du Casse-noisette.
Je ne suis pas au Mexique, là où tu as appris à dire merci, même si c'est essentialiste, raciste, ou de l'appropriation culturelle de dire ça, je ne sais plus.
Je ne suis pas au Japon, là où, moi, j'ai appris à revivre.
Je ne suis pas dans les fleuves d'Inde ou d'Indo-Malaisie, comme le gavial, avec lequel tu me comparais parfois, quand le désir rétrécissait mes pupilles et faisait briller mes dents.
Je ne suis pas avec toi, ici et maintenant.
J'existe de façon minuscule. J'habite dans mon corps d'un mètre 63.
Dans un appartement minuscule de 21 mètres carré.
Dans une ville minuscule de 160 000 habitants.
Et c'est tout.
- Mathilde Fauve
Bruissement de pluie -
L abri de ma caravane
Encore plus douillet
- Mathilde Fauve
Sang sur mes doigts ce matin —
Mon ventre n’abrite toujours
que moi.
— Mat Fauve
Le crépuscule
Un milk shake à la fraise
pour les montagnes
- Mathilde Fauve