Bientôt la rentrée
Même si j ai passé l âge
Nouveau sac à dos
- Mathilde Fauve
Me voilà
Immobile, atterrée
Quel mouvement pourrait me relancer ?
La faim ? L ennui ?
Des fourmis dans les pieds ?
Le ciel gris et froid
Ne fait rien pour m encourager
Il reste quelques châtaignes
Dures comme des chicots de grand-mère
Parmi les épluchures oubliées
Sur la gazinière
Une lettre à finir
Gît sur le fatras amoncelé
Le frigidaire est vide
Et l évier est bouché
Un bien beau dimanche s annonce en vérité...
Qu importe !
J'ai pour moi la blancheur des heures
Et du papier
Une solitude qui s apparente
À la liberté
Et l absolue souveraineté
Sur mes actes et mon oisiveté
- Mathilde Fauve
Vacances d’été
soupe de pâtes en étoiles
galaxies dans mon bol
- Mathilde Fauve
Entre deux fayards
L apparition d un regard
- Chamois en balade
- Mathilde Fauve
Flaques aquarelles
Au plafond de la salle vide
- Attendre sans but
- Mathilde Fauve
Vague de pierres
Élan figé du Vercors
Vers les nuages
- Mathilde Fauve
Clepsydre moderne
Le plic-ploc des minutes
Dans nos corps-méduses
- Mathilde Fauve
Encore une fois
Inonder la cavité buccale
Avec de l’eau bouillante
Comme des fantassins moyenâgeux
A travers les brèches de l’aurore
Il s’agit de noyer les assaillants noctambules
Attardés sur la pointe de la langue
Là où dansaient les rêves
Dans leurs tutus acidulés de mousseline
Comme des cheesecakes en ballerines
agitant leurs ailes et leurs crinières de tulle
Fondre dans la saveur de leurs pirouettes
Et de leurs sauts périlleux
que l’on contemple avec l’effroi superstitieux
d’une brisure ou d’un chute
quand seuls les rires volent aux éclats
et se fracassent contre les parois de nacre
Leurs acrobaties rebondissent
telles des bulles arc-en-ciel
dont les reflets tourmalins s’entremêlent
et tournoient en corolles
sous la caresse lutinesque
au rythme hypnotisant
de l’orchestre dantesque
au bal des ardents.
Après toute cette splendeur
Après tant de majesté
de fantaisies chimériques
il faut se résigner
à la cour des miracles
à l’hécatombe du réel
le cœur dans la poussière
la gravité sur les épaules
le regard mécanique
sous la félicité narquoise des panneaux publicitaires
qui vendent des rêves bien terre-à-terre
gardons aux coins de nos paupières
les paillettes opalines de nos chavirées lunaires
— Mat Fauve
Cette année je nous souhaite
La légèreté des nuages
Qui changent de forme quand ça leur chante
Que rien ne blesse ni ne décourage
Qu ils avancent ou se prélassent
Dans un ciel clair ou chargé d orage
- Mathilde Fauve